Les blagues du 1er avril : un booster de mémorisation !
Les blagues et plus généralement l'humour et le rire ont plein de bienfaits sur notre cerveau et notre mémoire !

La tradition d’inventer une bonne blague le 1er avril est ancienne et remonterait au XVIème siècle en France. Elle est présente dans de nombreux pays, ce même jour, probablement avant tout pour célébrer le climat léger du renouveau du printemps propice à la joie et à la fête. Au Japon, ce jour est appelé bangusetsu, ce qui signifie en français, saison des 10 000 absurdités, et correspond à la saison des fleurs de cerisiers. Au Brésil, le 1er avril est appelé dia das mentiras ou jour des mensonges ! Certes un mensonge, un canular ou un trait d’humour absurde ne sont pas la même chose mais les uns et les autres ont à voir avec nos aptitudes de cognition sociale et avec celles de décoder l’intention du message de l’autre !

« La mémoire c’est du souvenir en conserve » a laissé à la postérité Pierre Dac : c’est drôle par le rapprochement inhabituel du stock des souvenirs en mémoire et des boites de conserves et par le fait que c’est faux et pas faux ! Ou encore sachons apprécier du même auteur, l’excellent : « Les pense-bêtes sont les porte-clefs de la mémoire ». Les bienfaits de l’humour remontent à la nuit des temps. Platon ou Aristote s’y référaient. La Bible y consacre un de ses proverbes : un cœur joyeux est un bon remède mais un esprit écrasé dessèche les os. Proverbes17:22.
L’humour améliore l’humeur et modifie positivement la sécrétion des hormones du stress. Il a un impact sur la santé mentale et globale et à côté d’autres facteurs notamment génétiques, il est un facteur de longévité. L’humour comme le sens de la justice ou l’hypersensibilité est un trait de caractère que l’on retrouve chez certains enfants haut potentiels mais heureusement pas que !
L’humour augmente les performances d’apprentissage en canalisant et maintenant l’attention soutenue. Il favorise utilisé à bon escient le recrutement des ressources d’attention et les opérations mentales nécessaires à des processus de contrôle tels que l’inhibition et la mise à jour [1]. La mémoire de travail verbale et/ou visuelle, si le gag comprend une illustration, sont largement sollicitées. Des travaux sollicitant la mémoire de travail dans des tâches soutenues par l’humour ont pu montré par l’entrainement, une optimisation de celle-ci notamment lors du vieillissement [2]. La compréhension d’un scénario (histoire drôle, sketch, saynète) sollicite la théorie de l’esprit particulièrement lorsque le second degré et l’absurde sont convoqués. Par conséquent, la mémoire à long terme est aussi sollicitée et entrainée parce qu'elle est utilisée pour identifier les protagonistes, le vocabulaire surtout s’il est détourné (mémoire, boite de conserve, pense-bêtes) ou le comique de situation.
Par ailleurs l’humour utilisé en groupe (cours, conférence) réduit l’anxiété, aide les participants à s’exprimer et augmente la motivation. Mais attention il doit être utilisé de façon adaptée à la situation (on ne rit pas de tout et tout le temps), compréhensible par tous, à dose mesurée au risque sinon d’envahir tout le champ attentionnel et d’atténuer le message à apprendre.

L’humour et le rire quand ils n’ont pas un impact direct sur l’apprentissage, améliorent les conditions de l’apprentissage : motivation, relaxation, créativité et concentration. L’impact direct positif sur la mémorisation d’un texte comprenant des traits d'humour versus un texte neutre [3] doit être contrebalancé par le fait qu’en cas d’humour inapproprié, le trait d’esprit a un impact négatif ! Gare au prof pas drôle… ou tellement drôle que tout l’amphi chuchote et n’écoute plus rien. Des études en psychologie sociale ont étudié l’effet de 3 ou 4 moments d’humour par session de cours versus un cours neutre avec le même enseignant ou des enseignants différents : le cours avec humour permet un gain de mémorisation significatif de 10% [4] !
L’humour avait pour Bergson à voir avec l’intelligence. Il est actuellement souvent étudié dans le contexte des émotions ou dans des études de psychologie sociale. L’humour intervient aussi directement sur la mémoire ou bien par le contexte interne et externe de l’individu sur lequel il agit. Des psychologues de l’université de Ratisbonne (Allemagne) ont présenté à des volontaires des photographies de scènes violentes, accompagnées soit d’une légende de description factuelle, soit d’une légende humoristique. Les participants confrontés aux photographies accompagnées de légendes humoristiques ont ressenti moins de stress que ceux exposés aux mêmes images avec légendes factuelles. Par ailleurs et contrairement à l’intuition, les participants du groupe maniant les légendes humoristiques ont mieux mémorisé à la fois l’allure générale et les détails de la photographie que les participants dans la condition factuelle.
L’humour et la mémoire vont bien ensemble : célébrons-le le 1er avril et cultivons le chaque jour de l’année !
Deux amnésiques discutent :
– Mais pourquoi tu as mis « incorrect » comme mot de passe sur ton ordinateur ?
– Ben c’est plus simple, comme ça je suis sûre de m’en souvenir… Il suffit que je tape n’importe quoi et l’ordinateur me répond « Votre mot de passe est incorrect ».
Notes
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