Morgane Lafond

Doctorante à l’école doctorale Neurosciences et Cognition de l’Université de Lyon, Morgane Lafond est notre lauréate de la bourse doctorale 2021. Découvrez son portrait, sa thèse et ses projets.

Publié le 24.01.2022
Rôle du sommeil dans le stress post-traumatique
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Photo Morgane Lafond

Morgane
Lafond

doctorante à l’école doctorale Neurosciences et Cognition de l’Université de Lyon

Rencontre avec Morgane Lafond, lauréate 2021 de la bourse doctorale de l'Observatoire B2V des Mémoires

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
J’ai tout d’abord obtenu une licence en physiologie à l’Université Claude Bernard Lyon 1 puis un master en Neurosciences Fondamentales et Cliniques toujours à l’Université de Lyon. Pendant mon master j’ai pu faire deux stages de recherche sous la direction de Paul-Antoine Salin au sein de l’équipe Forgetting du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon. J’ai travaillé sur le rôle des vocalisations ultrasoniques chez le rat dans la mémoire émotionnelle. Ma thèse, que j’effectue dans la même équipe, s’inscrit donc dans la continuité de mes stages.

 L’objectif de ma thèse est de comprendre le rôle du sommeil dans le développement de la maladie.

Et si vous expliquiez votre thèse aux néophytes ?
De nos jours, nous sommes de plus en plus exposés à des événements traumatiques et nos réactions face à ces évènements peuvent être très diverses. Face à un même traumatisme, certaines personnes peuvent avoir une souffrance limitée dans le temps tandis que d’autres vont le revivre de manière intrusive durant toute leur vie. Ces dernières souffrent de stress post-traumatique, une maladie psychiatrique très invalidante dans la vie quotidienne qui se caractérise par une forte anxiété et un sommeil perturbé accompagné d’insomnie et de nombreux cauchemars. Malgré une sensibilisation accrue à cette maladie et un nombre croissant de patients, sa cause reste encore mal connu et son traitement a souvent un effet limité ou est inefficace. L’objectif de ma thèse est de comprendre le rôle du sommeil dans le développement de la maladie. En effet, des études récentes suggèrent qu’une bonne qualité de sommeil exercerait un rôle très favorable dans la régulation des émotions négatives et permettrait d’être mieux préparé à faire face à un traumatisme mais aussi de mieux le gérer après coup. Mon objectif est donc de déterminer, en utilisant un modèle animal approprié, si le sommeil exerce une protection à long-terme face aux traumas. Mon but est également de voir si un traitement de l’insomnie après un stress empêche le développement du stress post-traumatique. Récemment, mon équipe a découvert chez les rats des vocalisations, ou des sortes de cris, pendant le sommeil. Leur nombre augmente après un stress et nous pensons qu’ils pourraient être, tels des rêves, le reflet de l’anxiété des rats. Ainsi, en pratique, j’utiliserai ces vocalisations du sommeil comme une sorte de mesure des émotions négatives pour mieux comprendre le stress post traumatique et pour proposer un nouveau traitement de cette maladie.
Pourquoi ce sujet en particulier ?
J’ai découvert ce sujet lors de mon premier stage et il m’a beaucoup plu. Comprendre le traitement des émotions pendant le sommeil et son importance dans les processus de mémoire est un sujet très vaste et passionnant. C’est aussi très motivant de pouvoir travailler sur une maladie d’actualité, avec un impact sociétal très important, comme le stress post-traumatique tout en contribuant à la recherche pour un traitement efficace.
Etre chercheur, un rêve d'enfant ou une vocation tardive ?
Le cerveau et son fonctionnement m’ont toujours fascinée, mais c’est tardivement, au cours de mes années de licence, que j’ai découvert le monde de la recherche scientifique. J’y ai vite pris goût pendant mes stages de master où j’ai pu mettre en pratique mes connaissances et en apprendre plus sur cet organe complexe. J’ai toujours été très curieuse et c’est ce qui me plaît dans la recherche. On se pose beaucoup de questions, on doit être créatifs pour y répondre et on en apprend chaque jour. Ce qui me motive en particulier c’est de pouvoir faire des nouvelles découvertes, que ce soit dans la littérature ou au cours de mes expériences.